La cuisine maternelle est, pour beaucoup, celle qui nourrit notre corps mais aussi – surtout ? – notre cœur. Voilà pourquoi on se souvient et on perpétue les traditions, le plus souvent religieuses. Dans mon petit village, quelques jours avant Pâques, grand-mères, mères et enfants préparaient, en grande quantité, ces gâteaux que nous apportions au four du boulanger local avant que la cuisinière – et son four – ne se démocratise et qu’on les cuise à la maison. (J’ai l’impression d’avoir 120 ans en écrivant cela, mais non, je n’ai pas encore atteint cet âge canonique…) Dans le village, peuplé par une majorité de Français d’origine napolitaine, on appelait cette merveille « casadiel » (de casadielle, un traditionnel pain salé napolitain préparé à Pâques ?).
Enfants, mes sœurs et moi passions des heures à râper les citrons du jardin (100% bio, je vous l’assure) et nous adorions mettre les mains dans cette pâte très fluide, contrairement à celle des classiques brioches. Nous n’avions en revanche pas le droit de goûter à l’anisette et au rhum, mais leurs parfums nous enivraient. Et, pardon maman, j’y ai ajouté gingembre et muscade et, comme je n’avais pas de gros sucre, j’ai parsemé mon gâteau d’amandes entières et de sucre blond.
On dévorait ces gâteaux le dimanche et le lundi de Pâques, mais on les trouvait encore meilleurs les jours suivants. On les entourait d’un linge (attention, sans odeur de lessive !) pour bien les conserver. Et les tranches légèrement tiédies dans un grille-pain (tiédies, pas grillées), tartinées de confiture faisaient la joie de nos petits-déjeuners – et elles le font toujours !
Le moule
Ce moule-là est plus vieux que moi et il a, comme moi, traversé la Méditerranée dans les bagages de la famille. Il est en fer, légèrement cabossé et les anses qui ont disparu au fil du temps étaient en bois. Mais croyez-moi, il donne les plus beaux des gâteaux !
Le gâteau de Pâques de ma mère
(Pour 8 à 10 personnes. Préparation : 30 min. Cuisson : 1 h. Repos : 7 h ou plus)
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